Chroniques théâtrales du petit Nicolas
Bon ben voilà… c’est à moi de jouer J Ce n’est pas évident de commencer. A vrai dire, je ne sais pas trop quoi dire ou ne pas dire. Ou plutôt je crains d’en dire trop ou bien pas assez. Mais je veux essayer d’être le plus exhaustif et le plus sincère possible, sans non plus forcément raconter ma life ou rentrer dans des détails trop persos…
Flavie nous a dit de ne pas nous brimer, c’est donc ce que je vais faire. Et puis comme elle me le dit souvent J, je vais tâcher de mettre mon cerveau sur pause, et de parler de tout ce qui me vient en tête quand je pense au théâtre et à la Guild (mon expérience des deux étant commune, si je mets de côté la semaine de stage au Cours Florent l’été dernier). On fera le tri après si besoin J Bon allez… c’est pas tout ça : je me lance !…
Les débuts
C’est d’abord dans un objectif de développement personnel que je me suis intéressé à la pratique du théâtre. Plusieurs personnes me l’avaient conseillé en me disant que ça me ferait du bien, que ça m’aiderait à m’ouvrir aux autres (étant de base relativement réservé voire introverti sur certains aspects) et à prendre confiance en moi. Et finalement, c’est à Marc, que j’ai connu au boulot, que je dois le fait de m’y être mis. Lui aussi me disait que ça me ferait du bien, et trouvait souvent que j’avais un vrai potentiel comique et un visage expressif (en tous cas c’est ce qu’il me disait). Bref petit à petit je me suis motivé, je me suis fais violence en prenant contact avec Flavie (car faire du théâtre, mine de rien, ce n’était vraiment pas évident pour moi), et hop ça y était, le pas était fait, et je me retrouvai tout penaud à mon premier cours…
Franchement, les premières séances n’ont vraiment pas été faciles. Je ne me sentais pas du tout à ma place, et tout me paraissait une épreuve. Ne serait-ce par exemple que le fait de me présenter, quand on est en cercle. Et ce n’était pourtant pas le pire !… Mais mon prof a su y faire, et il ne m’aura fallu finalement que quelques cours pour qu’un vrai plaisir naisse et se mêle à mon objectif initial. Et depuis, le théâtre a toujours pour moi ce double aspect développement personnel et loisir/passion.
Développement personnel
Je le disais, mon objectif initial en me mettant au théâtre et en intégrant la Guild, c’est le développement personnel. La pratique du théâtre me confronte aux « démons » qui me pourrissent la vie et m’aide petit à petit à les surmonter. Même si je ne vais évoquer que la partie émergée de l’iceberg, ça me gêne assez de parler de tout ça parce que c’est personnel (et assez peu flatteur d’ailleurs) et je n’aime pas me dévoiler, et puis ça fait un peu « tiens l’autre il déballe ses problèmes !». Mais il m’est impossible de parler sincèrement de ce que m’apportent le théâtre et la Guild sans parler de ces aspects, tant ça a une importance essentielle pour moi.
Que ce soit par les cours, les scènes ouvertes ou les spectacles eux-mêmes, la Guild m’aide avant tout à progresser sur ma peur (parfois souvent obsédante) du regard et du jugement de l’autre, et contribue à me redonner doucement plus de confiance et d’estime de moi. Quand je me souviens de comment j’étais quand j’ai rejoins la Guild et que je me regarde maintenant, je me dis qu’il y a quand même eu du chemin de parcouru… Mais il y a encore du pain sur la planche !….
Les scènes ouvertes, en particulier, me sont d’une aide précieuse pour m’apprendre à m’affranchir de ce satané regard/jugement des autres. Je me souviens encore de la première fois où je suis passé, la boule au ventre (vraiment !), notamment du fait de jouer devant Marc (parce qu’en tant qu’ami sont regard est d’autant plus important pour moi). Mais au fil des années, le mal de ventre à chaque fois qu’une impro se termine et qu’il faut deux nouveaux volontaires s’est effacé, et la peur de ne pas bien faire s’est estompée. J’ai évolué, et même si j’ai toujours besoin d’un coup de pouce pour le premier passage, après ça va nettement mieux et surtout, je ne vis plus comme un drame le fait de faire une mauvaise impro.
Avec les cours aussi, j’ai appris à prendre conscience que derrière le regard des autres, il peut aussi y avoir de la bienveillance. Mais globalement, j’ai encore du mal à lâcher prise. A mettre ma tête en pause, lâcher le contrôle, et laisser venir ce qui vient. Là-dessus, je ressens et je sais que j’ai encore besoin d’être poussé dans mes retranchements. Je reste encore trop bloqué quand il s’agit de proposer des choses qui sont loin de moi, en terme de situations ou de personnages (il m’a fallu du temps l’année dernière pour assumer ce cher Lelio (personnage des Cancans de Goldoni), étonnamment ça m’a paru nettement plus spontané pour Musa). Cette peur du regard de l’autre c’est aussi la peur de mon propre jugement (qui est loin d’être tendre) : par exemple j’adorerais savoir faire des accents, parce que c’est je trouve que c’est génial pour donner une tonalité particulière à un personnage, mais même tout seul chez moi, je n’arrive pas me lancer ! Donc il y a encore une grosse marge de progression, en terme de lâcher-prise…
J’ai aussi souvent tendance à me comparer aux autres. Et avec mon regard inquisiteur, ça m’amène parfois à psychoter. Notamment, l’année dernière, je me souviens de ces quelques cours d’affilée où j’avais du mal, et où j’allais faire les exercices à reculons. Flavie m’avait d’ailleurs fais remarquer que ça allait être compliqué pour moi si je n’étais pas plus volontaire. Ces soirs-là j’étais rentré chez moi démoralisé et démotivé. Je me sentais moins bon que les autres, mauvais, pas à la hauteur, et j’en étais même venu à me convaincre que j’allais être un boulet pour le groupe. J’en étais arrivé là, et j’avoue même que sur ces moments, l’envie d’arrêter le théâtre m’a traversé l’esprit ! Et là pour le coup, c’est à Xavier (un ami très proche aujourd’hui rencontré à la Guild) que je dois le fait de m’être accroché. Car j’en avais parlé plusieurs fois avec lui, et il a su me remotiver.
Cette année, je n’ai plus cette crainte. Et je me trouve d’ailleurs en général bien plus facilement volontaire (notamment pour passer dans les premiers) dans les différents exercices. Là encore, j’ai progressé dans ma tête J Les bons retours qu’on a eu pour les Cancans y sont sûrement pour beaucoup. Et puis, petit aparté, il y a eu le stage au Cours Florent cet été. Stage durant lequel on m’a fait des compliments que j’ai parfois trouvé, je dois le dire, assez disproportionnés. Mais ces avis extérieurs à la Guild m’ont permis de me rendre encore plus compte de l’évolution que la Compagnie m’a fait faire en seulement 3 années.
Par peur de pas « assurer », j’ai aussi souvent besoin de contrôler ; quand c’est l’inconnu, je doute de moi. C’est en partie pour ça je pense que j’ai tendance à préférer les pièces aux créations. Mais c’est évident que du coup, le fait de travailler sur une création ne peut être que très bénéfique pour moi. Et c’est tout l’objet de cette année. Et puis bien sûr j’ai confiance en Flavie pour nous amener vers un résultat au top ! Car en plus de ça je suis vraiment dans un bon groupe !…
Pour finir cette partie, je dirai qu’avec le théâtre je cherche à me dépasser (et jouer sur scène en juin y contribue beaucoup), des défis à relever, comme celui de jouer des personnages l’année dernière. Et avec Lelio et Musa j’ai été bien servi ;-). Ça n’a pas été facile loin de là, mais au final j’ai été content du résultat, même si je n’étais pas parfait. L’accumulation de ces petits succès, j’en suis persuadé, m’aide progressivement à prendre plus d’assurance et confiance en moi. Et puis l’avantage avec le théâtre, c’est qu’on peut se fixer des challenges quand le spectacle est encore loin, quand on n’a pas encore la pression !
Loisir et passion
Heureusement le théâtre n’est pas pour moi qu’un moyen de développement personnel. C’est rapidement devenu un loisir à part entière, et même maintenant une passion, assez dévorante d’ailleurs car je n’arrête pas de penser « théâtre »… C’est dur de décrocher 🙂
Je ne reviendrai pas sur le plaisir du dépassement de soi, j’en ai suffisamment parlé dans la partie précédente. Mais je dirai pour commencer que mes cours à la Guild sont pour moi de véritables moments de bien-être et de déconnexion avec les soucis du quotidien. Une dure journée avec un boulot qui me blase ? Hop ! Le cours de théâtre est là le lundi soir pour me vider la tête, me défouler, et me faire penser à autre chose. Le théâtre en fait c’est comme le sport, avec le plaisir en plus ah ah. Dommage que ça ne dure que 2h… En plus de ça, les cours sont de vrais moments d’émulation : il n’y a qu’à voir tous les textes qui ont été proposés dans le groupe cette année. Plein de choses très différentes, mais toutes très belles et intéressantes. Je découvre des textes, des auteurs, c’est vraiment enrichissant. Et en marge des cours, on a aussi la possibilité de faire des cours et stages réellement supers. Avec Elliot Jenicot et Véronique Vella (de la Comédie Française) pour ne pas les nommer… C’est vraiment une chance !
Ce que j’aime avec la Guild, véritablement, c’est les rencontres que j’y fais. Moi qui d’ordinaire suis plutôt réservé, je m’y sens bien ; il y a une ambiance réellement chaleureuse, bienveillante et amicale, comme une grande et belle famille. On se croise, on se recroise, on prend plaisir à se revoir, on papote. C’est un vrai plaisir pour moi d’aller aux scènes ouvertes parce que j’y retrouve des élèves de mes cours précédents, ou d’autres avec qui je n’ai jamais eu cours, mais avec qui je tisse quand même des liens… Et puis bien sûr, sans oublier que c’est grâce à la Guild que j’ai fais la connaissance il y a 3 ans de Xavier, qui est maintenant devenu pour moi un de mes plus proches amis. C’est marrant quand même qu’on soit devenus colocs. Qui sait ? Peut-être qu’à la Guild je trouverai aussi l’âme-sœur ahah.
Et puis la Guild, c’est des émotions vraiment fortes. Avec les spectacles bien sûr ! Déjà c’est super de pouvoir jouer dans un vrai théâtre parisien ! Monter sur scène, je trouve que c’est juste addictif. Je stresse comme un malade avant, c’est vrai, mais l’énergie et l’émotion partagées avec le groupe, puis les applaudissements à la fin, c’est vraiment grisant. Et puis l’année dernière avec les Cancans, j’ai éprouvé une sensation tellement forte ! A la dernière représentation, lors des premières scènes, je n’étais pas vraiment dedans, et puis pendant la pièce, il y a eu un moment où ça a basculé : j’ai vraiment ressenti les choses. J’étais plus Nico, j’étais Lelio et Pistacchio ! lol. Et ça c’était vraiment une sensation géniale ! C’était tellement fort d’ailleurs qu’après (petite anecdote que j’aime bien raconter), au bar, alors que la pression redescendait, je me souviens d’avoir parlé de mes deux personnages et d’avoir été surpris par ma réaction : les larmes me montaient aux yeux comme si je parlais de proches disparus !! lol Alors que je ne parlais que de mes personnages… C’est étonnant et vraiment incroyable cette émotion, ce lien / cette relation qu’on peut avoir avec ses personnages. C’était fort et déroutant en même temps, mais c’était juste génial !
Voilà ! Ainsi se termine ma prose ! Je crois pas que ça mérite le Pulitzer mais en même temps, ce n’était pas le but. Je me suis efforcé d’être le plus sincère et le plus exhaustif possible. Et je finirai par un simple mot, pour tout ça : MERCI !!!